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L'actualité brésilienne en 2001

Après avoir surmonté les effets de la crise de 1998, le Brésil manifeste une vigueur économique qui ne semble pas menacée par la conjoncture dépressive suscitée par les attentats du 11 septembre. La classe politique a toutefois du mal à recueillir les dividendes de ce bilan, comme en témoigne le désarroi perceptible chez les partis de la coalition alliée au président Cardoso à l'approche des élections générales de l'automne 2002.

Contre toute attente, le Brésil a vite surmonté les effets de la crise financière qui l'avait frappé début 1999, en contrecoup des crises asiatique et russe. On ne donnait alors pas cher de la huitième économie de la planète, secourue par le Fonds monétaire international (FMI) et les pays riches qui lui avaient prêté plus de 40 milliards de dollars de crainte qu'elle n'entraîne dans sa chute toute l'Amérique du Sud. Mais le Brésil a rempli le cahier des charges qui conditionnait cette aide, notamment en procédant à des coupes drastiques dans le budget et en augmentant les recettes fiscales. Signe de cette vigueur retrouvée, outre une croissance de 4,2 % en 2000 (0,5 % en 1999) et une hausse de 6,5 % de la production industrielle, l'économie brésilienne ne semblait pas menacée par le ralentissement de l'activité aux États-Unis, du moins avant le 11 septembre, non plus que par la crise en Argentine. Celle-ci, en revanche, compromet les espoirs placés par le Brésil dans le Mercosur (Marché commun de l'Amérique du Sud), concurrencé par les avancées de la Zone de libre-échange des Amériques (ZLEA), qui doit se constituer à l'horizon 2005 sous la houlette des États-Unis. Le président Fernando Henrique Cardoso avait exprimé, le 22 avril, à Québec où se tenait le Sommet des Amériques, ses réticences concernant une promotion de la ZLEA qui profiterait surtout au Nord du continent, et s'est déclaré hostile, un peu plus tard, à la dollarisation qui guette l'économie argentine. Mais le Brésil n'a pas attendu les États-Unis pour conquérir les nouveaux marchés promis par cette association. L'UE est devenue son premier partenaire commercial, ce qui a préservé le Brésil des effets du ralentissement américain et a assuré le quasi-équilibre de sa balance commerciale. Les investissements étrangers ont progressé dans un contexte économique assaini et attractif du fait d'un real qui reste bas. L'économie brésilienne peut aussi compter sur un marché intérieur où la consommation est stimulée par une inflation maîtrisée autour de 7 % et par la baisse du chômage qui a suivi la brusque augmentation consécutive au plan d'austérité de fin 1998. Le gouvernement a poursuivi sa politique de redistribution des terres et d'aides à l'installation des familles de paysans, dont le sort tend à s'améliorer. Ses efforts sur le plan social ont été aussi récompensés dans le domaine de la santé, où le Brésil remportait une victoire, en septembre, en obtenant du laboratoire Roche une réduction de 40 % du prix d'un médicament contre le sida. Après six mois de bras de fer, le groupe suisse a accepté de produire au Brésil, à partir de 2002, le médicament que les Brésiliens avaient menacé de copier, comme ils le font depuis 1997 pour sept médicaments génériques rétroviraux, dans le cadre d'un programme visant à fournir des soins gratuits à des dizaines de milliers de patients nécessiteux grâce à un faible coût de production et sans pour autant creuser le déficit de la Sécurité sociale.

Malgré ce bilan globalement positif, l'indécision demeure concernant les élections d'octobre 2002, d'autant que F. Cardoso ne peut y postuler un troisième mandat. La coalition de partis le soutenant au Congrès — le Parti de la social-démocratie brésilienne (PSDB, centre gauche), le Parti du mouvement démocrate brésilien (PMDB, centre droit), le Parti du front libéral (PFL, droite) — n'a pas résisté aux municipales d'octobre 2000, qu'elle a remportées, mais au prix de divisions qui donnent plus d'ampleur à la progression du Parti des travailleurs (PT, gauche radicale). Ce dernier n'a gagné que 187 mairies sur 5.556, mais sa percée est nette dans les grandes villes. S'ils peuvent recueillir les dividendes politiques de la reprise économique, les partis de la coalition, éclaboussés par des scandales de corruption, manquent de personnalités populaires. Derrière «Lula», trois fois candidat à la présidentielle, le PT n'a certes pas eu le temps de faire ses preuves dans l'exercice du pouvoir, mais il n'a été impliqué dans aucun scandale et les idées qu'il défend ont le vent en poupe. Dirigée par un maire PT, la ville de Porto Alegre, qui accueillait fin janvier un «contre-forum» de Davos, est la vitrine de cet autre Brésil, expérimentant une démocratie participative et s'opposant aux vents de la mondialisation libérale et d'une logique productiviste qui s'est traduite, le 18 mars, par le naufrage au large de Rio d'une plate-forme pétrolière géante exploitée par la compagnie nationale Petrobras. Un autre Brésil, auquel les Brésiliens ont rendu un vibrant hommage en disant adieu au plus populaire et au plus célèbre de leurs écrivains, Jorge Amado, décédé le 6 août à Salvador de Bahia.

© Hachette Multimédia / Hachette Livre, 2002

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