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L'actualité cubaine en 2000

L'affaire du petit Elian a largement dominé l'actualité cubaine, au point d'influer sur le cours des relations entre Washington et La Havane, pour une fois alignés sur la même position. À l'heure où la question de la suspension de l'embargo qui frappe Cuba est plus que jamais d'actualité — bien que rien n'ait pu se décider aux États-Unis en cette année électorale —, on a pu noter une sensible amélioration de la croissance économique de l'île caraïbe.
L'affaire du petit Elian Après sept mois d'interminables péripéties juridiques, le petit Elian, cinq ans, a quitté les États-Unis — et le groupe de pression anticastriste de Miami — pour rejoindre une nouvelle demeure avec sa famille dans le quartier résidentiel de Miramar. Cela faisait 217 jours que le petit Cubain avait été recueilli alors qu'il flottait sur une chambre à air près des côtes de Floride après que sa mère se fut noyée en cherchant à fuir le régime de Fidel Castro.
Dans cette affaire, Washington et La Havane se sont retrouvés du même côté. Une grande première, qui tient essentiellement à l'intransigeance de la communauté des exilés cubains à Miami — qui entendait retenir le garçonnet sur le sol des États-Unis —, alors que la majorité des Américains estimaient que la place du petit Elian était à Cuba, près de son père. Quoi qu'il en soit, cette affaire a permis de desserrer quelque peu l'embargo qui frappe Cuba. En effet, le Congrès a autorisé, sous certaines conditions, la vente de produits alimentaires et de médicaments à Cuba. Une autorisation qui a été vécue comme un camouflet par le groupe de pression anticastriste, dont la capacité de blocage est apparue quelque peu émoussée. Et si Bill Clinton a fait savoir qu'il jugeait prématurée une levée de l'embargo, deux sénateurs, le démocrate Max Baucus et le républicain Pat Roberts, n'ont pas hésité à préconiser une loi de normalisation du commerce avec Cuba qui mettrait fin à l'embargo. La position des deux sénateurs a trouvé un relais positif dans les milieux d'affaires. Ainsi, au mois de mars, 150 hommes d'affaires américains, regroupés dans une association composée de chefs d'entreprise de moins de quarante ans et réalisant plus de 1 million de dollars de chiffre d'affaires, ont effectué une mission de prospection à Cuba. Bref, nombreux sont les Américains qui estiment que le blocus n'est plus d'actualité. Il est vrai qu'ils ne manquent pas d'arguments. Ainsi, le blocus n'est pas parvenu à renverser Castro et la mise à l'index de l'île caraïbe a pour effet de fermer un marché potentiel et voisin. Les partisans de la levée de l'embargo soulignent aussi qu'il y a quelque étrangeté à acheter du pétrole à l'Iraq sans pouvoir commercer avec La Havane. Enfin, de plus en plus de personnes se demandent pourquoi les réfugiés cubains bénéficient de privilèges d'admission qui sont refusés aux autres réfugiés d'Amérique latine.
Une reprise de la croissance Plus que jamais d'actualité, la question de la levée de l'embargo a correspondu à une reprise de la croissance. Après une nette amélioration du PIB en 1999 (+ 6,2 %), celui-ci devait croître de 4,5 % en 2000. Parmi les facteurs qui ont permis cette embellie, la rationalisation des productions agricoles — augmentation significative de la production sucrière — et l'adoption de quelques mesures d'ouverture sur l'extérieur ont incontestablement porté leurs fruits. Pour autant, la vie n'est toujours pas facile à Cuba, du moins pour le plus grand nombre. En effet, la dollarisation d'une partie de l'économie — le tourisme est la première ressource de l'île, devant la canne à sucre — s'est traduite par la constitution de deux grands groupes de Cubains : ceux qui ont accès au billet vert et ceux qui en sont privés. Et Fidel Castro n'est finalement pas partisan de la levée de l'embargo : il serait alors privé de son principal argument pour justifier le dénuement dans lequel se débattent les Cubains depuis de longues années. Tout particulièrement depuis l'instauration, au début des années 1990, de la «période spéciale», consécutive à l'effondrement de l'ex-Union soviétique et à la disparition des 5 milliards de dollars d'aide que Moscou accordait chaque année à Cuba.
Sur le plan plus strictement politique, le durcissement visant aussi bien la délinquance que la dissidence a remis en cause les succès diplomatiques dont avait pu bénéficier le régime castriste au lendemain de la visite du pape Jean-Paul II en janvier 1998. D'ailleurs, la commission des droits de l'homme de l'ONU a une nouvelle fois dénoncé «la poursuite de la répression» dans l'île.

© Hachette Multimédia / Hachette Livre, 2002

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