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L'actualité cubaine en 2001

L'état de santé de Fidel Castro — soixante-quinze ans en août 2001 — a constitué le sujet principal de l'actualité politique cubaine. Le président occupe une telle place depuis plus de quarante ans que la perspective de sa disparition semble générer un sentiment d'incertitude dans la population. À l'inverse, la diaspora cubaine attend de la mort du président qu'elle favorise la transition dans l'île. Cette année, la croissance a été pénalisée par l'alourdissement de la facture énergétique et la chute des cours du sucre.
Depuis son arrivée au pouvoir en 1959, on ne compte plus les discours fleuves prononcés par Fidel Castro. Mais le 23 juin, pour la première fois, le leader cubain a dû s'interrompre alors qu'il haranguait depuis plus de deux heures quelque 60.000 personnes réunies à Cotorro, dans la banlieue de La Havane, dénonçant la condamnation par un tribunal américain de cinq Cubains accusés d'espionnage. Engoncé dans son uniforme vert olive malgré une chaleur étouffante, F. Castro a été victime d'un malaise. Emmené dans une ambulance et placé sous un masque à oxygène, il a réapparu quelques minutes plus tard pour annoncer qu'il terminerait son discours le soir même, mais dans les locaux de la télévision nationale. Ce malaise a suscité une explosion de joie à Miami, où les exilés cubains espèrent toujours que la disparition de Castro provoquera un changement politique dans l'île. Cancer du poumon ou de la prostate, maladie de Parkinson ou embolie cérébrale, les diagnostics allaient bon train dans la communauté des exilés alors que l'état de santé du président cubain est un secret d'État. À Cuba, bien sûr, l'organe de la jeunesse communiste, le journal Juventud rebelde, a fait part de «l'angoisse et de la douleur intense qui ont saisi l'île» à l'occasion du malaise présidentiel. Pour sa part, Raúl Castro, frère et dauphin désigné du président, a rappelé que le socialisme survivrait à la mort de celui qui n'aura cessé de l'incarner depuis le départ de Fulgencio Batista.
Si la diaspora cubaine brûle d'impatience d'enterrer Castro, et avec lui l'économie dirigée, on se gardera d'oublier que depuis 1993 Cuba a dû, sous la pression des événements — en l'occurrence la disparition de l'URSS —, engager quelques réformes économiques, autant de concessions faites à une économie de marché pourtant honnie. Il reste que ces réformes ont surtout profité aux investisseurs étrangers. Ces derniers ont créé près de 400 entreprises mixtes dans les secteurs les plus porteurs, comme l'énergie, le nickel, les télécommunications et, surtout, le tourisme. Ce dernier secteur fait littéralement figure de bouée de sauvetage du socialisme depuis l'effondrement du bloc communiste. Le tourisme est devenu la principale source de devises avec les fonds envoyés par les émigrés à leurs familles. Son essor a permis de créer, depuis le début des années 1990, quelque 250.000 emplois directs et indirects. Mais la dollarisation d'une partie de l'économie, particulièrement forte dans le tourisme, a pour effet de creuser le fossé entre ceux qui ont accès au billet vert et le reste de la population. Les investissements étrangers, sous forme de joint-ventures, se sont également portés dans le secteur du pétrole. La production a augmenté de 25 %. Le brut extrait à Cuba permet d'alimenter les centrales électriques et donc de produire plus de la moitié de l'électricité consommée dans l'île.

© Hachette Multimédia / Hachette Livre, 2002

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