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L'actualité brésilienne en 2000

Le Brésil n'a pas fêté dans la liesse le cinquième centenaire de sa découverte par le navigateur portugais Pedro Álvares Cabral. Contestées par diverses organisations — Mouvement des sans terre, Indiens, Noirs —, les cérémonies prévues se sont déroulées sous la protection d'un impressionnant dispositif policier. Pour le reste, les autorités se sont employées à gommer, avec succès, les conséquences de la dévaluation du real. Et, contre toute attente, le PIB a légèrement progressé, quand le FMI prédisait à l'économie brésilienne les pires tourments récessionnistes.

Un anniversaire controversé Les célébrations officielles du cinquième centenaire de la «découverte» du Brésil ont été placées sous la haute surveillance de la police et de l'armée. Ainsi, l'État de Bahia a mobilisé quelque 5.000 policiers dans la région de Porto Seguro afin d'assurer la tranquillité des cérémonies commémoratives auxquelles ont assisté le président Fernando Henrique Cardoso et son homologue portugais, Jorge Sampaio. Le dispositif de sécurité devait répondre à une forte mobilisation des opposants aux cérémonies. Le comité «Brésil, autres 500 ans», regroupant plusieurs organisations hostiles aux célébrations officielles, s'est employé à réunir plusieurs milliers de sympathisants à Porto Seguro. Finalement, le gouvernement a dû faire appel au renfort de l'armée face à la radicalisation des manifestations organisées par les sans terre, qui réclament une réforme agraire, par les Indiens, qui protestent contre «500 ans de génocide et de résistance», par les Noirs, qui dénoncent leur exclusion, et par les diverses organisations de gauche qui ont apporté leur soutien à tous les protestataires. Le 500e anniversaire du Brésil a souligné le fossé qui sépare une partie de la population — qui s'est reconnue dans les diverses organisations hostiles à la commémoration — et la classe aisée (blanche), appuyée par la chaîne de télévision Globo, qui a rendu de vibrants hommages aux colonisateurs en clamant l'épopée métisse de ses habitants.

Reprise de la croissance Selon tous les experts, le Brésil s'est remis mieux et plus vite que prévu de la dévaluation du real intervenue en 1999. Il est vrai que le pays a eu de nombreuses occasions de montrer d'étonnantes capacités à s'adapter en catastrophe aux bouleversements conjoncturels — rappelons que l'économie brésilienne a connu sept plans de stabilisation et quatre réformes monétaires entre 1986 et 1994. Le pays, qui avait fait de la stabilité de la monnaie nationale la vitrine de sa santé économique, avait connu en 1999 une véritable année noire, ce qui s'était notamment traduit par un alourdissement de la dette extérieure et de la dette publique, une baisse des réserves de change, le retour de l'inflation et la multiplication des licenciements. Bref, les pronostics pour l'année 2000 n'étaient guère encourageants. C'est donc contre toute attente que le Brésil a renoué avec la croissance — + 0,8 % —, alors que le Fonds monétaire international prévoyait une récession de l'ordre de 4 %. Ainsi, en dépit de la dépréciation (de l'ordre de 30 %) du real par rapport au dollar, le Brésil a pu figurer en dixième position au classement mondial du PIB en volume (source : Banque mondiale). En revanche, le PIB par habitant est apparu beaucoup moins flatteur : en recul de 1,6 % depuis 1998, il était en 2000 inférieur à celui de la Malaisie, un pays pourtant durement touché par la crise asiatique de 1997. Contrairement aux prévisions, le renchérissement des importations — consécutif à la dévaluation — n'a pas entraîné de véritable poussée inflationniste : contenue à 9 %, l'inflation n'a pas dépassé le plafond fixé par le FMI. La cure d'austérité à laquelle a été soumis le pays est largement visible dans certains chiffres : l'excédent budgétaire a ainsi atteint 31,1 milliards de reals et dégagé une économie supplémentaire de 913 millions de reals par rapport aux engagements pris à l'égard du FMI. Quant à la dette publique, elle a pu passer de 50 % du PIB à 46,95 %. On verra dans cet allégement du fardeau de la dette un effet de rééquilibrage des dépenses associé à la stabilisation, en régime de change flottant, du real. Pour autant, tout n'est pas rose dans le paysage économique du Brésil. Ce dernier apparaît toujours extrêmement vulnérable aux brusques changements de cap des capitaux flottants provoqués par les mauvais coups de la globalisation. C'est la raison pour laquelle l'État brésilien doit aujourd'hui s'acquitter d'une taxe de risque supérieure à celles consenties au Mexique et à l'Argentine pour lever des emprunts sur le marché obligataire.

Au Brésil, comme partout, le pilotage de la machine économique est largement tributaire des contraintes politiques. Ainsi, le gouvernement du président Cardoso n'a guère eu la possibilité de resserrer les cordons de la bourse — une nécessité à laquelle il est apparu pourtant extrêmement sensible — dans la mesure où il doit toujours composer avec une majorité parlementaire littéralement minée par des luttes intestines.

© Hachette Multimédia / Hachette Livre, 2002

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