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L'actualité cubaine en 1994

En 1993, les observateurs au fait de la chose cubaine s'interrogeaient sur les capacités de survie d'un régime qui ne cesse de s'enfoncer dans le marasme depuis la disparition du bloc socialiste. 1994 aura trouvé un Lider maximo encore présent, des candidats à l'exil toujours plus nombreux, et, bien sûr, une rhétorique antiaméricaine dont la majorité de la population doit estimer qu'elle est la seule chose qui fonctionne correctement à Cuba.
Afin de tenter de sortir de la crise économique dans laquelle Cuba ne cesse de s'enfoncer depuis l'effondrement du communisme en Europe de l'Est, le gouvernement s'est résolu à pressurer un peu plus la population. Parmi les mesures arrêtées figurent la hausse des prix de l'électricité (déjà contingentée), du téléphone (qui ne fonctionne pas), des transports (de plus en plus épisodiques), de l'essence (un produit qui se raréfie), de l'alcool et du tabac. De surcroît, le ministre des Finances et des Prix, José Luis Rodriguez, n'a pas caché que, si ces mesures devaient ne pas donner le résultat escompté, il faudrait en passer par la suppression de la gratuité de certaines prestations dans la santé et dans la culture. Par ailleurs, il a estimé nécessaire de «renfoncer la captation de devises à travers des prix élevés» dans les secteurs de l'économie où les prix sont exprimés en dollars.
Toutes ces mesures, nécessairement impopulaires, ont toutefois reçu le soutien de Fidel Castro, lequel n'a pas hésité à vanter les vertus d'un plan d'austérité visant prioritairement à mettre un terme à l'excédent de la masse monétaire et à revaloriser la monnaie nationale. Pour les observateurs étrangers, la surprise est venue, non de la contraction du «produit social brut» (l'équivalent du PIB), qui ne cesse de s'effriter depuis la disparition du bloc socialiste, mais de la discrétion du Lider maximo lors du 41e anniversaire de la Révolution. Contrairement à son habitude, Fidel Castro s'est tu, laissant à son frère Raul le monopole du micro pour l'une des plus courtes allocutions du genre, à peine quarante-cinq minutes. Sans surprise, le numéro deux cubain a tiré à boulets rouges sur les États-Unis, accusés de s'immiscer dans les affaires intérieures de la République et de continuer à orchestrer à travers le monde une «campagne hypocrite et mensongère» contre le régime castriste. Raul Castro a conclu en se félicitant que Cuba ait remporté «une victoire diplomatique et politique» importante par son intégration au sein de l'Association des États de la Caraïbe (AEC), dont l'acte de création a été signé le 24 juillet 1994 à Carthagène (Colombie) en présence de Fidel Castro.
Quant à la question de l'immigration cubaine, elle a connu un nouvel avatar lorsque, début septembre, Castro a menacé les États-Unis de les submerger sous un exode massif de réfugiés en libéralisant l'immigration si de son côté l'administration américaine n'adoptait pas des mesures dissuasives à l'égard des candidats au départ. Finalement, le 9 septembre, les États-Unis et Cuba sont parvenus à un compromis, Washington se disant prêt à accueillir un «minimum de 20.000 Cubains par an» contre l'engagement de La Havane de prendre des mesures pour «empêcher les départs risqués, et ce en appliquant essentiellement des méthodes de persuasion». Il y aura sans doute encore longtemps des candidats au départ.

© Hachette Multimédia / Hachette Livre, 2002

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