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#1 Re : Brésil » Coupe du monde et match France-Brésil samedi » 2006-07-10 05:00:39

S’il y a bien des duels sportifs que je n’aime pas ce sont ceux qui s’en vont opposer la France à l’Italie. Un vrai crève-cœur.
Aujourd’hui j’avais pris le parti de ma nationalité au Consulat Français où bizarrement la foule du match de demi-finale s’était rabougrie. Moins de monde et d’ambiance, et une coupure de retransmission due au pompage excessif d’énergie par l’éclairage mis en place par les équipes de TV brésiliennes présentes et renforcées comparativement aux rencontres passées.
Le temps de comprendre les causes du problème et d’aller chercher un autre vidéoprojecteur la première mi-temps s’achevait sur les seuls commentaires sonores. Original.

En deuxième mi-temps l’équipe de France reprend l’initiative et le contrôle du jeu, et nous celui de l’écran, mais les tirs comme les encouragements, ne sont guère incisifs et logiquement ne finissent pas au fond des filets ; il n’y a vraiment que la reprise de la tête de Zidane qui ressemblait à une volonté de marquer, mais Buffon n’en fut pas un et de la main droite détourna de justesse.

Dans la liste des joueurs retenus pour l’obtention du titre de meilleur joueur de la Copa, il y a quatre italiens, trois français, deux allemands et un portugais. Pas de brésiliens. Que des européens. Zidane était le favori, mais après son geste inacceptable, il est fort probable qu’un italien, Buffon serait logique, sera désigné ce lundi.

L’orgueil qui avait permis à Zidane de revenir à son meilleur niveau, sportivement et physiquement, et de si loin, est aussi, car une injure a certainement touché un point sensible et lui a fait perdre le contrôle de lui-même, ce qui lui fait perdre aussi aujourd’hui une image de joueur idéalisé qu’en trois matchs il s’était reconstruit.
Les larmes de Thuram sur le terrain après le coup de sifflet final trouvaient sûrement leur pendant dans les vestiaires où l’expulsé et superstitieux Zidane devait s’en vouloir à mort de ne pas s’être contrôlé; il n’en est pas à sa première faute d’énervement de ce genre, mais cette erreur, lors de sa dernière occasion de pratiquer sa passion, dans la plus grande compétition de cette même passion et devant le plus grand auditoire jamais réuni, relève du suicide. Quel gâchis !   

Quand on prétend à  être un joueur exceptionnel qui serve de modèle et qui donne envi aux minots de pratiquer et prolonger cette passion, le comportement sur le terrain se doit d’être d’abord, à défaut de parfait, respectueux de l’adversaire.
Zidane a réagi pour lui en oubliant, d’une part l’objectif de victoire qu’il s’était fixé et que sa sortie prématurée, même en deuxième prolongation, contribuerait à affaiblir une équipe qui parce qu’elle était bâtie pour être à son service, ne pouvait que pâtir de son absence, et d’autre part qu’en contrepartie des concessions de l’entraîneur son engagement moral devait être de privilégier l’intérêt de cette famille de l’équipe de France à laquelle il tenait tant, avant sa propre personne.

En quelques secondes les promesses de regain d’image se sont évanouies, même si je pense que beaucoup de gens retiendront qu’il a fait un retour sensationnel au premier plan, techniquement parlant. Cesser une passion dans ces conditions et sur un échec (geste violent, carton rouge et expulsion) comme celui-ci me parait difficile. Il devrait capitaliser sur l’image qu’il a donnée avant les prolongations de cette finale et jouer encore une ou deux saisons en club et tenter de gagner un titre européen pour vraiment achever sa carrière sportive au zénith comme il a tenté de le faire ces dernières semaines.
Il a suffisamment conscience de sa valeur, sans cela il ne serait pas parvenu à aller au-delà de ses douleurs physiques et de ses doutes pour nous montrer son talent ressuscité, et d’orgueil pour relever un ultime défi. Confiance.

Perdre à l’épreuve des tirs au but en finale d’une Coupe du monde se ressent toujours comme une injustice car s’il a fallu en arriver là c’est que les deux équipes étaient de valeur égale. Mais la règle est qu’il faut un gagnant et un perdant, et cela ne peut pas non plus durer des heures et des heures, comme les matchs marathons McEnroe/Borg avant que l’ATP change la règle relative au 5° set.
Bizarrement le tir de Trézeguet qui ne rentre pas, ressemble beaucoup à celui que Zidane tire avec succès au début du match. Comme si le rêve ne voulait plus continuer à sourire.
Cette fois la chance était avec les italiens qui, pour avoir perdu leur dernière finale de Mondial sur un tir raté de Baggio  en 1994, avaient certainement encore plus de pression sur les épaules que les français. Intelligemment ils ont laissé filer le match jusqu’à cette épreuve qu’ils avaient sûrement préparé car ils ont souvent joué les prolongations et cette possibilité a dû leur être plus légère à supporter qu’aux français qui pensaient gagner dans le temps réglementaire. Cette prétention est un défaut bien français malheureusement.

Une particularité carioca amusante, relativement à cette Copa, est que les consulats des deux pays sont contigus. A la sortie de celui de France les torcedores italiens, qui comptent aussi des brésiliens naturalisés, jouaient les fanfarons quelque peu moqueurs et en  français naturellement. Mais rien d’agressif cependant. Il n’y a guère qu’un petit groupe d’enfants qui a dû se demander ce qui les attendait au-delà du drapeau italien qui leur était présenté comme on présente la muleta au taureau. Bon enfant. A Saõ Paulo et dans le Sud du pays où les italiens sont plus nombreux il serait intéressant de savoir s’ils ont fait la fête. Au pays du ballon rond l’ambiance est vraiment morose. Décevant.

La Copa et ses rêves s’achèvent. La réalité va sûrement peser plus lourd dans les esprits des brésiliens, pour les français l’impact sera moins fort, qui n’auront plus la possibilité de se replonger individuellement dans le rêve et la fierté d’être les meilleurs joueurs du monde.
Peut-être vont-ils comprendre qu’il serait temps qu’ils prennent en charge leur propre existence et leurs propres rêves?

Pour répondre et compléter ce qui est dit sur les « mercenaires » et les footballeurs jouant à l’étranger, mais faisant suite surtout à l’image désastreuse que la seleçao, jugée peu combative, a donné au monde, et qui depuis cet échec affecte le moral des brésiliens
voici un acte nationaliste brésilien, en forme d’hara-kiri s’il était suivi.
Mardi dernier un député du PSDB-PR nommé Luiz Carlos Hauly proposait à la Chambre des Députés un projet de loi visant à interdire dans la seleçao les joueurs brésiliens qui ne jouent pas sur le territoire national dans l’année qui précède toute compétition internationale. Les étrangers et ceux qui auraient une double nationalité en seraient aussi exclus.
Il est clairement reproché aux footballeurs leur manque de défense de la patrie. Sur les 23 retenus pour cette compétition, seuls trois jouaient au Brésil. Personnellement je ne vois pas le rapport, si ce n’est que la future seleçao sera bien affaiblie.

Comme je l’avais exprimé plus avant dans ce sujet, ce qui compte au Brésil ce n’est ni le football en général, ni le talent des joueurs en particuliers, mais le fait que ce sport est d’utilité nationale pour les politiciens, d’utilité financière pour les commerçants et d’utilité existentielle à supporter la vie pour les 90 % qui restent. L’enjeu dépasse largement le simple cadre sportif.
Et comme prélever de l’argent est toujours bon à prendre ici, des multas pour non respect des règles sont envisagées qui sont à la hauteur des revenus des joueurs dits « estrangeiros ».
Il serait bon de rappeler une contradiction majeure et récente: les brésiliens n’ont cessé de vanter et de soutenir le brésilien Scolari entraîneur «estrangeiro » de l’équipe du… Portugal.
Mais cela n’est peut-être que l’allumage d’un feu de diversion visant à apaiser les esprits. Dans quelques mois, surtout après les élections, et quand il faudra battre les argentins notamment, je doute qu’on vienne se priver des meilleurs joueurs, car là, après la perte de l'hégémonie mondiale ce serait celle sud-américaine, plus sensible encore, qui en serait affectée. A suivre.

Une observation pour finir : je suis surpris qu’un texte aussi irrespectueux, que courageusement anonyme,  pour les argentins (je ne le suis pas cependant) que celui écrit sur ce Forum et mentionné plus avant par Smarty n’ait pas été tout simplement supprimé par le modérateur.
Perdre n’est pas facile. En tant que supporter l’enjeu est sûrement moindre qu’en tant que joueur sur le terrain. Aussi, prenons exemple sur les joueurs qui ne sont pas venus s’insulter et se battre à la fin de la compétition. Car les grands perdants ce sont d’abord ceux qui ont fait les efforts pour ne pas l’être et qui doivent vivre désormais avec la pensée, à la suite d’un match aussi équilibré, qu’ils auraient pu ne pas l’être.
Un peu de respect. Merci!

Natalinho

#2 Re : Brésil - voyage » Rio de Janeiro et moi » 2006-07-05 18:02:50

Désolé d’insister Aktal, tout en entretenant le dialogue quand même, mais la Capoeira est vraiment une danse, une danse martiale certes mais une danse… rituelle en plus. Ce n’est pas péjoratif  de dire cela de cet art martial, même si d’un point de vue machiste, et ce pays l’est, cet ajout, d’une supposée féminité qui entacherait la pratique de la danse, peut ne pas être accepté.

Beaucoup d’arts martiaux empruntent à la danse. Dans les deux cas il faut apprendre à maîtriser son corps. D’ailleurs les pratiquants d’arts martiaux peuvent être d’excellents danseurs pour cette raison.

Dans ton texte « Ambiance capoeira », tu décris toi-même une invitation à entrer au sein de la Roda pour danser. Certes tu dis qu’ils font du samba, mais tu reconnaîtras qu’il aurait pu s’agir de mouvements martiaux.

Une des particularités de ce pays est de ne pas aimer les classifications... mais le bureaucratisme par contre, diraient les mauvaises langues. Les frontières sont souvent floues et il y a un goût certain pour le mélange qui vient aussi du penchant à jouer. Alors que dans la sérieuse Europe la classification et la mise en ordre, donnant naissance à des styles ou écoles, sont beaucoup plus prononcées.
Pourtant, j’ai cru comprendre que différents styles de capoeira existent. Quel est celui que tu pratiques ?
De plus comme tu le rapportes, le chant, le sport et la danse furent intimement mêlés lors de cette soirée conviviale. Comparée aux arts martiaux asiatiques, cette particularité, qui renvoie aux rituels africains, me semble intéressante au contraire.

Par curiosité nécessaire, je vais aller faire une visite au centre que tu fréquentes pour en savoir plus. Cela (comme le jiu-jitsu brésilien) me démange d’essayer depuis des mois, mais mon corps (tendinite à l’épaule gauche qui oublie de m’oublier) n’est pas d’accord. La danse et un entraînement physique contrôlé sont vraiment le maximum que je puisse pratiquer en ce moment car la sollicitation est moindre. Patience. De toute façon j’ai passé suffisamment de temps dans les salles d’arts martiaux pour ne pas ressentir de manque.

Avec Pierre de Studiodomi nous avons convenu de nous retrouver à la Maison de France pour le match. Si tu as le temps, viens nous rejoindre, pour faire connaissance.

Natalinho

#3 Re : Brésil » Coupe du monde et match France-Brésil samedi » 2006-07-05 17:49:20

Tu as raison Lorenzo concernant Deco et Ronaldo. Ma mémoire confond leurs visages. Rageant ce module de reconnaissance visuelle défaillant. Pourvu que je ne confonde pas la couleur grenat avec le blanc.

Redoutables ne veut pas dire qu’ils sont les meilleurs, mais simplement qu’ils sont craints. Ce ne sont tout de même pas des unijambistes quand il s’agit de tirer au but. D’autant que si tu dis à ces grands prédateurs qu’il y a une churrascaria derrière le but adverse, tu les verras immanquablement rappliquer. Reconnaissons leur, plus sérieusement, un talent certain pour éventrer les lignes de défense à l’état de faiblesse; pour reprendre un discours guerrier de wargames.
En tout cas, je reste déçu de leurs prestations –reconnais que Ronaldinho était plus faible que dans le championnat espagnol- dans cette compétition.

Quant à Zidané, il aura bientôt sa statue « à notre bourreau bien-aimé » au Maracana car il a encore une fois beaucoup impressionné par la qualité de son jeu, même si certains médias tentèrent de le montrer affaibli et vieillissant. 

La Copa c’est comme le Festival de Cannes, le sport et le nationalisme d’un coté, et le marché en coulisses, sans lequel toutes ces gesticulations et rencontres ne pourraient avoir lieu.

Il est significatif de constater que la famille royale des bataves vient de nous annexer en douceur et que certains sports à fort rendement d'audience sont d'abord des opérations commerciales.
Ainsi, les championnats français des Bleus, devenus Blancs, s’appellent bien les ligues Orange désormais.
Des goûts et des couleurs...est bien relatif... pourvu que ce soit celui de l'argent.

Il nous reste l'émotion et les rencontres suscitées. Ce n'est déjà pas si mal.
Donc, comme le signale Pierre, rendez-vous Maison...Maison pour la prise de contact.

Natalinho, multicolore

#4 Re : Brésil - voyage » Rio de Janeiro et moi » 2006-07-03 23:09:16

Sans parler de la musique et de la danse (très riches et plus complexes que tu ne crois).

As-tu déjà expérimenté le samba dit de gafieira et ses contretemps et torsions corporelles mortels?
Le zouk brasileiro n'a rien à voir avec celui des Antilles car il emprunte à la lambada et repose sur un rythme ternaire. C'est très sensuel, tactile, tridimensionnel et particularité intéressante, même si le danseur guide, cette danse laisse à la femme la possibilité de s'exprimer.
Le funk était un domaine masculin que les femmes se sont appropriées, par la danse d'abord. Les paroles parlent majoritairement et sans détours de pratiques sexuelles. C'est très chaud, mais il ne faut pas oublier que le rapport au corps est différent ici et que la fidélité dans le couple est relative.

De manière générale cela rejoint une certaine tendance brésilienne à ne pas s'engager sur le long terme et à vivre l'instant présent, alors que les européens vont plus se projeter dans le futur et tenter d'éterniser l'instant pour se rassurer. D'une certaine manière la vision de la vie est plus lucide. Le travers en est la perception superficielle que nous en percevons en tant qu'européen.
Pourtant tu fais de la capoeira, qui est aussi une danse, qui se pratique avec un accompagnement musical.

C'est comme si tu disais qu'à Cuba il n'y a pas de bons musiciens.
Ce sont deux pays dont la culture est d'abord auditive et non pas visuelle comme en France.
Ici tu as d'excellents percussionnistes très recherchés en Europe et aux Etats-Unis.
L'anthrophagie musicale est une donnée essentielle de la musique brésilienne.
Lapa est un quartier populaire très propice à la découverte musicale et à la danse.

Encore une fois je trouve dommage que tu communiques négativement sur des sujets que tu n'as pas pris le temps de rencontrer intimement.
Imagine qu'un étranger voyageur applique le même irrespect à la culture française.
Je doute fort que tu apprécierais.

Le respect vient aussi du dialogue et tu ne me sembles pas avoir pris le temps de dialoguer avec cette culture. Tu es venu avec ton texte de monologue et tu prétends ensuite dialoguer avec le monde des touristes alors que tu ne fais que parler à toi-même de ton expérience. C’est le coté masturbatoire de ces blogs miroirs sur internet.

C'est dommage pour toi mais aussi pour les autres qui en auront une perception fausse.
Apprendre consiste d'abord à se taire. Si tu veux communiquer, il faut que tu fasses preuve de plus de retenue et de réserve, ou au moins que l'acidité de l'humour y soit annoncé. sinon les lecteurs vont se méprendre.

Natalinho

#5 Re : Brésil » Coupe du monde et match France-Brésil samedi » 2006-07-03 21:52:38

D'accord Pierre, j'ai trouvé ton numéro de portable dans un sujet, je t'appellerai en soirée.

Comme j'étais plutôt en immersion brésilienne, je serai bien en peine de contacter d'autres personnes françaises à moins qu'elles ne montent à la surface et se signalent, rapidement cependant merci, car le match a lieu dans 48 heures.

Natalinho

#6 Re : Brésil - voyage » Rio de Janeiro et moi » 2006-07-03 21:29:50

Voyager c'est se mettre à l'épreuve des autres.
C'est aussi un moyen de se connaître en acceptant d'expérimenter quelque chose de nouveau. C'est donc très subjectif et ne doit pas appeler de généralités ou de vérités trop hâtives.
Encore moins de comparaisons culturelles bien difficiles. Autant il est possible de comparer des produits ou des performances sportives pour une même compétition, autant dans un cadre culturel celle-ci peut être très dangereuse car elle renvoie souvent à l'idée qu'une culture serait supérieure à une autre. Les ethnologues et sociologues analysent, décrivent, détaillent les variations ou différences mais s'efforcent de ne pas comparer justement.
En ce domaine il vaut mieux parler de ses propres préférences ou goûts que de disqualifier les éléments d'une culture.

En te lisant j'ai l'impression que tu voudrais trouver sur place ce que tu aimes en France, un peu comme les gens qui voyagent en caravane ou en camping-car avec leur petit chez soi rassurant.
L'agrément que tu trouves dans cette ville tient aussi au fait qu'elle ne répond pas aux mêmes codes culturels. Comme toi j'ai des préférences mais j'essaie de m'adapter et ici il y a des jours où l'énervement pointe du fait d'un disfonctionnement, d'une lenteur ou d'un manque de civilité. Cependant, comme partout, untel particulièrement civil te fera modérer ton appréciation.

Je suis en désaccord avec toi sur beaucoup de sujets mais je vais simplement développé celui sur lequel je le suis le plus, car je regrette que tu n'y ai pas pris plaisir.
La nourriture brésilienne me semble vraiment bonne, hormis les desserts , quoique certains gâteaux à base de fruits locaux ou de bananes comme aux Antilles sont à mourir, qui sont trop sucrés pour mon palais, mais le goût brésilien est ainsi. Les jus de fruits frais et les plats à base de poissons et fruits de mer sont excellents. Certes la feijoada est un plat lourd mais ni plus ni moins qu'un cassoulet ou une potée; ce sont des plats originellement destinés à des gens qui doivent accumuler des calories en vue d'un travail physique intense. Ce sont des plats de pauvres et d'esclaves que ceux-ci ont su raffiner pour varier le quotidien.

La notion de fraîcheur de la nourriture est très importante dans un pays tropical comme celui-là. J'ai remarqué que les brésiliens consommaient la nourriture faite le jour même, et ne conservaient pas, comme cela est pratiqué en France où le climat est tempéré et plus frais, un plat plusieurs jours. Il s'agit de rigueur sanitaire afin de se protéger des maladies. Même si j'ai essuyé quelques tempêtes stomacales, c'est surtout dû au fait que mon organisme n'est pas protégé contre certaines agressions et cela m'amène à prendre des précautions simples et peu contraignantes (exemple, les glaçons, surtout dans les cocktails). Quand les produits sont bien lavés et cuits, le risque diminue et vient le temps du plaisir. De tout façon vivre c'est prendre le risque de le rester.

Personnellement j'adore les ambiances des marchés de fruits et légumes quelque soit le pays d'ailleurs, et ici les peintres auraient matière à de belles natures mortes. Les saveurs de crû sont différentes, les goûts sont moins prononcés pour certains légumes alors que les fruits tantôt plongent dans le sucré tantôt se font presque absents. Des cuisinières ou des cuisiniers en parleraient mieux que moi, car ils doivent s'adapter aux produits locaux pour composer leurs plats.
Si tu te plains du riz, qui est la base avec les haricots, de la cuisine brésilienne, que feras tu en Asie? Certes ma culture a formé mon goût à apprécier le pain, et même si c'est la galère de trouver du pain avec une vraie croûte et un goût salé ici, je ne peux pas leur reprocher de ne pas en faire.
La viande des churrascarias est vraiment délicate et fondante.
La cuisine japonaise, très appréciée ici au point qu'elle cohabite souvent avec la cuisine locale, est vraiment très bonne. Essaie de trouver à Paris un restaurant japonais qui te propose cette qualité et cette quantité (va au Nik’Sushi à Ipanema pour le coté service à volonté) pour un prix aussi bas.
Du fait de la présence italienne forte (les immigrants italiens furent presqu'aussi nombreux que les portugais, c'est dire) la cuisine italienne que je connais quelque peu, pour être à moitié italien, est là aussi de bonne qualité et je retrouve ici des saveurs propres à la botte.
Autre point qui est remarquable et dont les établissements de bouche français devraient s'inspirer c'est la qualité du service qui atteint ici des sommets dans l'attention portée aux clients (contrairement aux magasins où cela est dû souvent au fait que les vendeurs sont commissionnés sur la vente faite). J'ai encore en souvenir un serveur du Senac qui se trouve au Largo do Pelourinho à Salvador qui était tellement efficace (invisible et cependant toujours dans le bon timing quant au service) dans l'attention que je n'ai pu résister à le féliciter pour son travail.

La nourriture est quelque chose d'important dans ce pays et cela est clairement perceptible, ne serait ce qu'à la vue non dissimulée de tous ces bedons.  Le brésilien vit plutôt dans le temps présent et la nourriture (plaisir immédiat et anti-stress reconnu) en est un des plaisirs importants car c'est le lieu où le groupe, qui est une habitude culturelle aussi, va se reconstituer. La vie quotidienne est trop dure et injuste pour la supporter dans la solitude.

Ce serait dommage à mon sens de vivre au Brésil et de passer à coté de la cuisine brésilienne qui dispose d'ingrédients rares.

Natalinho

#7 Re : Brésil » Coupe du monde et match France-Brésil samedi » 2006-07-03 19:06:28

A ce qui me semble chaque pourcentage ne se rapporte qu’au pays dont le nom précède le nombre.

Revenons au match tout de même qui vaut mieux, en terme de valeurs positives véhiculées, d’autant que le football est un sport collectif qui accepte les différences individuelles de couleurs de peau, d’origines culturelles et d’apparences physiques au sein d’une même équipe (par exemple, Vieira et Ribery jouent ensemble).

Pour du beau jeu c’était du très beau jeu…d’équipe. Cette notion d’équipe, construisant patiemment la circulation du ballon pour atteindre l’objectif du but, est ce qui a surtout fait défaut à la seleçao.
Même si les leçons de dribblage et de jonglage de Zidane peuvent faire penser aux habiletés brésiliennes, l’équipe française, si elle avait joué à la brésilienne, aurait perdu car les espaces ouverts, que la seleçao n’a cessé de montrer durant tous ses matchs, auraient été impitoyablement utilisé par les redoutables chasseurs de but que la seleçao recélait lors de cette Copa.
Au contraire, un grand travail de rigueur a dû être mené en amont qu’il serait intéressant de connaître mais il faudra sûrement attendre la fin de la compétition, tout en développant leur jeu vers le but adverse, ils sont parvenus à contenir toute attaque en faisant un ingrat mais efficace travail de marquage. Alors que les brésiliens ont fait le contraire en privilégiant les qualités physiques sans vraiment jouer en équipe.

Ce fut un jeu très agréable à regarder car il est autant basé sur les qualités physiques des joueurs que sur la mise en œuvre d’une pensée stratégique. Ils ont joué, en trois dimensions, positionnel, comme on dit aux échecs. La sélection française avait simplement chaque pièce à la bonne place et chaque pièce soutenant les autres. La seleçao avait plusieurs reines mais un jeu non structuré basé sur l’individualité. D’où l’échec.

Je me souviens des reportages faits lors du Mondial 1998 sur l’équipe entraînée par Aimé Jacquet qui montrait bien le travail intellectuel et le développement de l’esprit de groupe, au-delà des qualités et de l’ego de chacun. La leçon a non seulement été retenue par les anciens qui en ont compris l’intérêt, mais prolongée certainement aujourd’hui auprès des nouveaux par Raymond Domenech. Il est symptomatique qu’au coup de sifflet final ce dernier retenait son corps d’exprimer une trop grande joie car il se devait de montrer l’exemple que ce match n’était qu’une étape où l’énergie de l’équipe ne devait pas se répandre.
Si les joueurs sont à féliciter, l’équipe technique qui l’entoure et l’entraîne, se doit d’y être associée car elle a apporté une vrai valeur ajoutée par un intelligent management d’individualités talentueuses qui auraient pu se contrecarrer alors qu’ici l'équation footballistique idéale "onze égale un" se réalise.

Par là même, l’esprit du football, jeu d’équipe, retrouve sa vraie valeur (qui continue à perdurer, mais pour combien de temps, dans le rugby) un peu égarée avec la starisation individuelle récente qui laisse croire qu’un joueur talentueux et onéreux peut faire gagner une équipe.
L’équipe d’Angleterre est éliminée car deux des plus chers joueurs du moment, Lampard et Gerrard, échouent à l’épreuve décisive des tirs au but. Pour des artilleurs, l’exercice fait désordre tout de même et dégoûte Beckham de continuer à être le capitaine anglais d’une équipe qui lui porte la poisse.
Et Ronaldinho c’est révélé incroyablement effacé et faible sur le terrain alors qu’il était censé faire honneur à son titre de meilleur joueur du monde en montrant au monde, justement, des spectateurs ce dont il était capable. 
Alors que les meilleurs et plus constants brésiliens furent, non pas le quintet d’attaquants tellement vanté, mais ceux qui jouent dans les équipes allemandes (Zé Roberto, Lucio et Juan) réputées rigoureuses dans le jeu collectif et dévoreuses de hasard.

Au Consulat de Rio, il y avait de l’ambiance mais la présence de caméras et de photographes brésiliens freinait un peu le lâcher d’expressions des supporters majoritairement français. Pour une première en compagnie de compatriotes l’expérience s’est révélée plutôt très agréable.
J’aimerai pourtant qu’Alexrio (vêtu de bleu ou non), ou d’autres qui auraient fait de même, nous relate plus en détails son immersion dans le grand jaune.
Etrangement le but d’Henry a fait s’éloigner les brésiliens au fond de l’espace de projection, comme s’ils ne voulaient pas voir la défaite de leur équipe. Mais vers la fin de la seconde mi-temps l’espoir et les encouragements étaient de retour. Puis, l'effrondrement émotionnel et les pleurs sans animosité mais consolation recherchée.

Je ne sais pas si certains ont eu l’occasion de l’entendre mais en revenant en taxi vers Ipanema, deux commentateurs notaient les joueurs de la seleçao et ils étaient féroces ; traitant Cafu et Roberto Carlos de « merda ».
Les journaux ici ne sont pas tendres qui parlent de honte. Zidane est présenté comme le bourreau attitré de la seleçao et comme modèle pour les étoiles brésiliennes n’ayant pas fait honneur à leur rang. En Une du Journal do Brasil, une caricature le montre ne faisant qu’une bouchée d’un oisillon jaune.

Aujhourd’hui les joueurs débarquent à Saõ Paulo et Perreira à Rio où il habite. Espérons qu’ils ne vont pas se faire lyncher (les brésiliens ne sont pas les mexicains qui avaient été jusqu'à tuer un joueur fautif en Mondial), car il s’agit de sport et non pas de guerre ou de vendetta.

Les vecteurs de la conscience nationale que sont les médias, soucieux aussi de vendre du papier et de l’espace publicitaire, incitent de façon un peu nauséeuse les brésiliens à soutenir le Portugal et à espérer que leur équipe batte celle de la France.
Comme si l’honneur national, non seulement pas vengé, mais sali de nouveau, ne pouvait plus être retrouvé que par cette équipe entraînée par le brésilien Felipe Scolari, appelé familièrement Felipão alors que Perreira garde son nom de famille, qui a gagné la dernière Copa et vengé déjà l’affront de1998, et, qui compte dans ses rangs un brésilien naturalisé nommé Ronaldo.

De nouveau, le match de mercredi prochain à Munich aura un goût de revanche pour les brésiliens. Le match ne sera pas facile et il faudra éviter l’épreuve des tirs au but car le gardien est vraiment bon.
De plus l’équipe de France devra jouer proprement en évitant les fautes et aussi garder son sang-froid car une des particularités des portugais consiste aussi à faire péter les plombs des joueurs adverses provoquant cartons et expulsions.
L’équipe du Portugal est dans la position qui était celle de l’équipe française contre celle brésilienne : elle n’a rien à perdre. Elle sera d’autant plus dangereuse qu’elle ne faisait pas partie des favoris. Cependant leur difficulté à marquer un but (même avec un joueur de plus comme contre l’Angleterre) devant une défense solide joue en leur défaveur. Si les bleus prennent le contrôle de la tour de distribution de jeu Maniche il leur sera plus facile d’enrayer les attaques de Figo et consorts.
Si Domenech et son équipe gardent leur sérieux et leur sens du jeu collectif, trouvant une nouvelle fois les failles adverses et neutralisant les dangers potentiels, tout est de nouveau possible et passionnant. 

Natalinho

Post-scriptum  à l’attention des cariocas ici présents :
Rien ne vaut le contact en chair et en os, et la convivialité simple est si présente et si agréable au Brésil. Aussi, pourquoi ne pas se retrouver mercredi prochain dans un lieu à définir et prolonger cela par une bonne bouffe ?

#8 Re : Brésil » SERONS-NOUS LES BIENVENUS??? » 2006-07-03 18:39:37

En tout cas les brésiliens accusent le coup et l’ambiance est morose.

En rentrant chez moi, après le match, je tombe sur mes voisins d'immeuble discutant aprement du match qui vient de s'achever. Ils me félicitent du jeu de l'équipe de France et s'épanchent longuement sur les incapacités et le déshonneur de la seleçao.

Cependant beaucoup de gens avaient acheté de la nourriture et des boissons pour fêter une victoire annoncée autour d’un barbecue comme cela se pratique souvent.
Ainsi, plus tard dans la soirée de samedi, en me rendant à Lapa pour une soirée dansante de Zouk, je constate que certaines rues font quand même la fête et surtout se rejoue le match avec force Si… et gestes démonstratifs.

Autre surprise, durant ladite soirée un des DJ’s avec qui je discute musique et dont je viens de faire certaines photos de lui en train de danser, fait une annonce au micro disant qu’un français est parmi nous, donnant mon nom et demandant que les filles dansent avec moi.

Très spontanément, un tonnerre d’applaudissements se fait entendre. Fair play tout de même.
En fait, en discutant avec eux, j’ai compris que la combativité de l’équipe française leur a fait détester l’image d’eux-mêmes que la seleçao a montré au monde.

Le football est vraiment une question de fierté nationale, aujourd'hui flétrie.

#9 Re : Brésil » Coupe du monde et match France-Brésil samedi » 2006-06-30 16:07:23

Le match de samedi relève d'une revanche souhaitée par les brésiliens qui conservent tristesse et amertume de la défaite de la Coupe de 1998, pour ne pas dire honte, compte tenu de la punition du score. Car le football sud-américain est une question de fierté et d’honneur, et non pas un divertissement entre gentlemen.

Dans l'esprit de nombre de brésiliens il est manifeste que l'équipe de France doit, non seulement être battue, mais subir un sort identique cette fois par un goal average de rédemption qui effacera un tant soit peu l'humiliation passée.
D’autant qu’en 1986, la sélection française éliminait celle du Brésil aux tirs aux buts et voyait les grands rivaux sud-américains des brésiliens que sont les argentins devenir champion du monde; lesquels albicelestes les battront lors de la coupe suivante.
Le contentieux et l’incertitude des rencontres entre les deux équipes poussent d’ailleurs les brésiliens de la rue à souhaiter que l’équipe allemande les soulage du risque de ce match possible en finale.

Au début du Mondial, je croyais que les brésiliens étaient passionnés par le football, et je me suis rendu compte en étant sur place qu’ils étaient d’abord passionnés par le football brésilien. Cela m’a beaucoup surpris de voir qu’alors le premier match de la Seleção contre la Croatie avait mobilisé beaucoup de monde dans les rues et les cafés, les matchs du lendemain de l’Allemagne par exemple n’intéressaient que fort peu.
De même lors des retransmissions des matchs d’autres équipes, les commentateurs brésiliens peuvent cesser de commenter les actions du jeu en cours pour nous parler longuement de l’équipe nationale, voire même le réalisateur de télévision vient réduire l’image du match en cours pour pouvoir nous incruster les images ao vivo de l’arrivée du car des joueurs à Munich ou dans une autre ville prévue pour la prochaine rencontre. Personnellement je m’attendais à plus de fair-play et de respect, dans le sens de traitement à égalité, des autres équipes.

Tout comme dans les jeux du cirque romain antique, le football dépasse son statut de sport pour être un outil politique -les médias font un travail de manipulation considérable- visant à détourner les brésiliens de la tentation d'utiliser la même énergie pour résoudre les vrais problèmes de société qu'ils supportent au quotidien.

Quand l'équipe joue un match de la Copa, durant non pas le temps de 105 minutes mais toute la demie journée, les gens cessent le travail, les magasins se ferment, rues et plages sont désertes sauf dans les lieux ponctuels de visionnage qui concentrent des supporters hypnotisés par une télévision, les voitures sont rares car il est évidemment difficile de conduire et regarder la télévision en même temps quoique j'ai vu un chauffeur de taxi le faire, les drapeaux qui coloraient déjà nombre de façades d'immeubles depuis des semaines et les toits des voitures ne cessent de crier un nationalisme autant exacerbé que castrateur, chacun s'efforce de porter un maillot ou un accessoire aux couleurs du pays, les femmes beaucoup plus passionnées que les françaises pour ce sport arborent de superbes ongles peints dans le même esprit,...toute l'énergie du pays est détournée et mise en situation tout à la fois d’apprentissage de l’obéissance que le nationalisme véhicule et de…passivité. Alors même que la convivialité et la vie est portée à incandescence. Un des nombreux paradoxes de ce Brésil qui oscille entre ferveur et estompement.
Car finalement le supporter soutient et assiste mais ne joue pas.
Cette année 2006, qui s’articule sur la trinité Carnaval-Copa-Elections présidentielles, est placée sous le signe peu positif de l’engourdissement décisionnel.
 
Le futebol est non seulement affaire de fierté mais aussi une croyance telle au Brésil si religieux, que si le meurtre des dieux footballeurs par les français en 1998 a pu être commis, il n'a pu l'être, selon l’opinion de beaucoup, que de façon malhonnête. Contrairement à ce qu’exprime la générosité des footballeurs brésiliens sur le terrain, les supporters –qui espèrent aussi que la Mannschaft allemande va éliminer l’équipe de leur voisin et ennemi argentin- sont plutôt mauvais perdant; l’esprit de fair-play cher aux britanniques n’a pas encore traversée l’Atlantique. Huit ans après, la rancoeur est donc encore vivace.

Un ami m’a rapporté qu'à l'époque le Consulat de France de Rio conseillait aux Français, qui y résidaient, de se faire discret après la victoire de l'équipe de France. A vérifier, mais après les trois coups cela me semblait sage.

Aujourd'hui, après avoir assisté à plusieurs matchs du Brésil durant cette Coupe du Monde dans des lieux peuplés de supporters auriverdes vivant très intensément chaque action, et après avoir vu des supporters noir & blanc de Botafogo voulant agresser un homme égaré parmi eux qui portait les couleurs rouge & blanc d'Amerigo lors de la finale d'un championnat au Maracana en février dernier -la bêtise et le chauvinisme étroit atteignent de même certains supporters français en pareil cas- je pense qu'il convient tout simplement de ne pas provoquer inutilement en portant des couleurs adverses en plein milieu de brésiliens en transe.
C'est une simple question de bon sens, je ne porterai pas de bleu samedi car la rencontre dépasse le cadre purement sportif pour se nourrir d'un affectif trop sensible pour être pris à la légère.

Aimant beaucoup le style de football pratiqué par les brésiliens en Europe (en Amérique du Sud c’est plus conflictuel, surtout avec les argentins), j'espère simplement que le beau jeu se fera dans le respect de l'équipe adverse, contrairement aux arènes honteuses du match Portugal-Hollande de dimanche dernier où les joueurs ont surtout eu eux-mêmes pour pire adversaire.

Même si l’amalgame est instillé par les médias, consistant à voir l’équipe de joueurs en un  rassemblement de la nation, il n’en reste pas moins que si les joueurs jouent ils le font d’abord car ce sont des sportifs qui veulent gagner une compétition en produisant des efforts physiques et en développant des habiletés qui ne sont pas les nôtres, et non pas de simples hommes-sandwichs porteurs de drapeaux ou des mannequins ou des militaires lors d’un défilé.
La moindre des manières d’exprimer son respect à ceux qui nous divertissent en prenant le risque de s’exposer aux autres en produisant un effort considérable, serait de faire le petit effort de se contrôler soi-même.
Donc, puisque nous ne pouvons en rien agir sur le résultat du match, que la meilleure équipe sur le terrain et que l’esprit sportif porteur de respect de l’autre dans le don de soi gagnent samedi prochain à Francfort !

En attendant, temps mort demandé, les pétards annoncent le premier quart de finale.

Natalinho, jeu et non pas je

#10 Re : Brésil » S'expatrier à Rio? Pour ou Contre? » 2006-06-30 15:44:19

Pour compléter le sujet, quelques observations (certes le post est long mais on est jamais assez précis) de terrain (trouver mon dernier logement m’a pris un bon mois) dans la recherche et la négociation d’une location de logement à Rio.

Tout d'abord, pour un étranger ne disposant pas de moyen de locomotion et désireux de ne pas trop se compliquer l’existence, Ipanema me semble le quartier le plus adapté. Dans un petit périmètre (la distance entre la plage d'Ipanema et le lagon est d'environ 600 m; la faible profondeur de cette bande construite facilite les déplacements pédestres) se trouve concentré tout ce qui est nécessaire au quotidien et à l'agrémenter. Les taxis y sont également nombreux à toute heure.
C'est vraiment le plus judicieux.
Personnellement, même si j'ai changé de logement plusieurs fois, je suis toujours resté dans le quadrilatère Barao da Torre/Epitacio Pessoa(Lagoa)-Maria Quitéria/Farme de Amoedo. C'est une zone humainement chaleureuse du fait de la présence d'une population aussi moins fortunée. Plus on s'approche d'Arpoador, à proximité des morros-favelas de Pavao et Cantagalo (le chant du coq c'est parlant pour un français) plus c'est animé.
La rue Farme de Amoedo est très vivante, populaire et simple; les jours de match de la Copa c'est vraiment l'endroit où il faut être car l'ambiance est vraiment carioca et la troisième mi-temps est festive.
En s'éloignant de Vieira Souto et de la plage d'Ipanema, les rues ont des identités très différentes: Prudente de Moraes est surtout un axe de circulation, Visconde de Piraja l'est aussi en sens inverse tout en se doublant d'une forte activité commerçante, ensuite à partir de Barao da Torre il devient plus agréable et doux de résider, pour ensuite redevenir plus animé et bruyant sur Epitacio Pessoa qui longe la lagune. 
Mais tout ceci dépend de ce que l'on recherche. Le calme est une donnée importante quand il s'agit d'un couple avec un enfant en bas âge.

D'autre part et pour être plus pragmatique quant à la location proprement dite:
-La caution.
De nombreux propriétaires demandent qu’un fiador se porte caution pour vous. Certaines officines, ou l’agence même, se chargent de cette mission.
Sinon il faudra verser au propriétaire ou plus souvent à l’agent immobilier un dépôt (pour un étranger il s’agira d’argent en liquide) de garantie de trois mois de loyer (avec ou sans les charges, c’est variable) qui sera restitué à la fin du contrat de location.
A noter que l’argent peut produire des intérêts car il est souvent placé.

-Les frais de l’agent immobilier, quand il y a cet intermédiaire.
Ce qui est le plus négociable, tout en sachant que la moitié reviendra au propriétaire. Tant qu’il n’a pas reçu son paiement (payer en deux fois est une bonne formule) l’agent et ses employés souvent occasionnels et commissionnés seront à votre écoute pour résoudre ou aider à la résolution des problèmes rencontrés dans les premiers temps de l’installation.
Un levier qui peut se révéler très utile.

-La durée du contrat.
Ayant testé depuis décembre 2004 plusieurs formules de location (au mois, par trimestre reconductible ou adaptable, longue durée de 3 ans) je conseille cette dernière pour quelqu’un qui souhaite rester ne serait-ce qu’un an.
En premier lieu, il est possible d’obtenir un prix de location beaucoup plus intéressant. Deuxièmement, il est possible d’adjoindre une clause au contrat qui stipule que la sortie du logement peut se faire, sans pénalités, au bout de x mois.
Alors que le propriétaire ne peut pas vous demander de quitter le logement avant 3 ans tant que vous acquittez loyalement chaque loyer.
Naturellement moins le logement a été loué les mois précédents et plus grande sera votre marge de manœuvre.

-L’adaptation aux besoins.
En faisant des observations sur des points négatifs lors de différentes visites et négociations (Ipanema, Leblon, Lagoa, Arpoador, Barra), j’ai découvert que les propriétaires sont capables de concessions non négligeables pour satisfaire le futur locataire.
Si vous avez des souhaits exprimez les à ce moment là car ensuite ce sera trop tard. L’agence répercute les doléances au propriétaire, qui souvent possède d’autres logements, et peut adapter le mobilier ou le confort à votre souhait dans la mesure où c’est justifié et raisonnable financièrement évidemment.
Pour exemple, le dernier appartement que je loue est entièrement meublé. Cependant en faisant remarquer que le matelas du lit à deux places, pourtant en excellent état, était trop mou pour mes habitudes de couchage, je me suis vu répondre avec surprise, alors que je ne demandais rien, qu’il allait être remplacé. Un couchage tout neuf me fut livré à mon entrée dans les lieux.
Idem pour un bureau informatique venu en complément d’un bureau classique, une cuisinière 6 feux en remplacement d’un four trop ancien, une armoire de toilette. Sans parler des réparations de nature diverse. Au total la propriétaire a déboursé plus de 2000 R$.
L’erreur serait de ne rien demander car c’est une pratique courante qui ne coûte qu’au propriétaire dont le souci premier est de vous garder le plus longtemps possible dans les lieux. Beaucoup de logement des quartiers aisés de la Zone Sud reste plusieurs mois inhabités.
Demandez, pour avoir soi-disant une idée des charges d’électricité à voir la dernière facture Light, ou pour le gaz celle de la CEG, et jetez un œil aux histogrammes de consommation qui y figurent ; quand ceux-ci sont au plus bas plusieurs mois vous pouvez être sûr que le logement était vide de tout occupant ; c’est aussi un élément à prendre en compte pour négocier le loyer à la baisse.
J’ai remarqué que beaucoup de logements restent souvent la moitié de l’année sans occupants, notamment durant l’hiver. Ils ne rapportent rien à leurs propriétaires mais leur coûtent cependant en charge de condominium et en IPTU. Ils ont donc tout intérêt à être conciliant et à votre écoute.
Avec une restriction cependant: à partir de novembre et surtout décembre la demande de location devient supérieure à l’offre. Négocier devient plus difficile. La meilleure période pour louer est août-septembre. C’est l’hiver et les touristes se font rares.

Méthodologie:
Achetez chaque dimanche O Globo incluant le supplément Morar bem, et appelez, visitez, soyez patient car les horaires de visite sont parfois très flous, faites des photos pour mémoriser et comparer, négociez dès la première rencontre pour avoir ne serait-ce qu’une fourchette de loyers et une idée des adaptations acceptables par le propriétaire, soyez patient, relancez car ils oublient, n’oubliez pas non plus que la même annonce peut vous être présentée par plusieurs agences ce qui implique que vous n'êtes pas le seul visiteur, insistez pour avoir une copie du contrat à lire à tête reposée avec un dico car il ne sera pas traduit en français ou faites-vous aider par quelqu’un lisant le portugais.

Ensuite et progressivement les enchantements de Rio feront leur effet et vous ne voudrez plus repartir.
Boa sorte !

P.S. S'il y a besoin je suis joignable au 8231-4005.

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