( MAJ au 15 juin 2015 ) Les ratés des émergents ou quand l' Occident pousse la dynamique mondiale.
La montée en puissance des classes moyennes émergentes n'à ni l'ampleur ni la rapidité attendue :
Nouvel épisode dans le basculement de la croissance mondiale des pays émergents vers les pays avancés. Les indicateurs de la conjoncture nous le disaient déjà, maintenant c'est plus concrètement l'actualité des grands groupes. En Chine par exemple, Jaguar-Land Rover cale, Volkswagen trébuche et les constructeurs étrangers multiplient les rabais pour écouler leur production.
Dans un tout autre domaine, celui des cosmétiques, c'est la même partition. L'Oréal baisse ses prix. Et si cette baisse va au-delà de la baisse des droits à l'importation consentie par le gouvernement chinois, c'est que le marché est en perte de vitesse.
Le luxe, lui aussi n'échappe pas à cet engrenage.
Il faut se battre pour faire du chiffre. Ce ne sont là que des symptômes, mais ils montrent combien, les promesses de la montée en puissance des classes moyennes émergentes n'a ni l'ampleur ni la rapidité attendues.
D'autant que la situation se détériore d'avantage encore au Brésil. Le pays est tombé en récession et se dirige droit vers une baisse de son PIB d'environ 1%, selon notre scénario, cela serait la pire contre-performance depuis 25 ans.
Autant dire que compte tenu de la pression démographique, le pays est en voie de paupérisation rapide.
La liste des pays émergents en difficulté peut être allongée à loisir alors qu'en face les pays avancés affichent meilleures mines et sortent les uns après les autres de leur marasme déflationniste.
Pourquoi une telle modification de perspective ?
Parce que le ralentissement des émergents manifeste l'épuisement d'un modèle de développement excessivement extraverti.
Parce qu'il est survenu au moment même où la puissance américaine se replaçait au centre du jeu et que l'éviction des émergents s'accélère, maintenant que l'Europe et le Japon repartent à l'offensive épaulés par un change plus favorable.
Pendant longtemps, les BRIC ont bénéficié du faible coût du capital et du flot continu de liquidités libérés par le marasme des marchés développés. Mais la fin de partie a été sifflée dès lors que la Fed a formulé les premières annonces de normalisation de sa politique monétaire. Un mouvement de retour des capitaux vers les pays développés s'est alors produit, qui peut se lire à travers les évolutions de change mais aussi des investissements directs à l'étranger, les IDE.
Un exemple. Les flux d'IDE en direction de l'Amérique Latine et des Caraïbes ont chuté de 16% l'année dernière à moins de 160 milliards de dollars alors qu'ils étaient en constante progression depuis la fin de la récession.
Un coup dur notamment pour des pays comme le Brésil ou le Venezuela qui n'ont pas mis a profit les périodes de vaches grasses pour réellement faire émerger un tissu d'entreprises compétitifs capable d'entretenir la croissance en cas de renversement du cours des matières premières.
Le ralentissement des émergents ne sonne pas le glas de la reprise du monde développé
Bien au contraire. Il draine les liquidités vers les entreprises des marchés matures des économies développées, qui se recentrent vers leurs marchés traditionnels et leurs zones d'influence.
Et accompagnant ce mouvement, la version la plus extrême du fabless, de l'allongement à outrance des chaines de valeur a pris du plomb dans l'aile : problème de qualité et de traçabilité du produit final ; problème de coûts en raison de la montée des salaires dans les pays dans lesquels les activités ont été délocalisées ; risques de fragilisation des écosystèmes locaux d'innovation.
Finalement, le regain des économies matures devient bel et bien le miroir des ratés des émergents.
Extraits issus des analyses diffusées sur Xerfi Canal.
http://www.latribune.fr/opinions/tribun … xtor=AL-13
Dernière modification par borninusa (2015-06-16 09:01:38)