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L'actualité colombienne en 1997

En 1997, le président Ernesto Samper s'est retrouvé de nouveau sur la sellette. Mais il ne s'agissait plus, cette fois, de l'interminable saga narco-politique, mais de la politique économique et sociale de son gouvernement. Par ailleurs, la communauté internationale a pris la mesure de la violence des combats entre l'armée et la guérilla au spectacle de près d'un million de réfugiés errant à travers tout le pays.
Le président colombien a provoqué une véritable levée de boucliers dans les rangs des principaux dirigeants politiques et responsables économiques après qu'il a décidé de décréter l'«état d'urgence économique» (décret 80 du 13 janvier). Celui-ci lui permet, pour réduire le déficit budgétaire du pays, de prendre des mesures d'austérité urgentes sans les avoir soumises au préalable à l'approbation du Parlement. Une décision qui a conduit les syndicats du secteur public à appeler à l'unanimité – ce qui est sans précédent en Colombie – à une grève illimitée. Quant au patronat, il a choisi de ne pas reconduire en 1997 le «pacte social» signé en 1996 avec le gouvernement. On se souvient qu'aux termes de cet accord les entrepreneurs, les salariés et l'État s'étaient engagés à juguler l'inflation à moins de 18 %.
De son côté, la Cour constitutionnelle a refusé de valider en première lecture la procédure d'état d'urgence économique et a demandé au gouvernement de faire la preuve du bien-fondé de sa décision. Les autorités gouvernementales ont fait valoir le caractère incontournable du décret, compte tenu de l'aggravation du déficit budgétaire (4,4 milliards de dollars en 1996, soit 4,4 % du PIB, contre 3,3 % prévus), de la hausse considérable de l'inflation (22 %), de la surévaluation de la monnaie, du niveau anormalement élevé des taux d'intérêt et de l'augmentation du taux de chômage (12 % en 1996, contre 8,8 % l'année précédente). Mais, surtout, le décret a permis au gouvernement d'éviter un débat au Parlement sur le thème délicat d'une réforme fiscale peu susceptible de plaire au patronat.
En effet, le plan d'austérité comprend une augmentation de la pression fiscale, avec, notamment, une extension de l'application de la TVA et la suppression de la plupart des exonérations fiscales. On retiendra aussi une imposition des crédits d'endettement externes, publics et privés, et le renforcement de la lutte contre l'évasion fiscale et la contrebande. La réduction annoncée des dépenses publiques n'a pas manqué d'inquiéter les acteurs sociaux, qui redoutent une trop forte diminution des crédits affectés au «saut social» jusqu'alors cher au président de la République. Les quelque 850.000 employés du secteur public qui ont voté la grève protestaient essentiellement contre la décision du gouvernement de n'augmenter les salaires que de 13,5 %.
Confronté à la mobilisation contre l'«état d'urgence économique», le gouvernement a dû également faire face à une recrudescence des attaques des FARC (Forces armées révolutionnaires colombiennes, guérilla marxiste), qui ont porté les combats à proximité de la capitale. Les actions des FARC, qui réclament notamment la démilitarisation totale d'une large zone du département du Caqueta, ont atteint une telle intensité qu'elles ont obligé le chef de l'État à ne pas exclure d'envisager cette démilitarisation.
Il est vrai que les combats qui opposent l'armée colombienne, la guérilla et des groupes paramilitaires dans tout le pays ont pris des proportions alarmantes, poussant sur les routes de l'exode, notamment dans le nord du pays, des centaines de milliers de paysans qui n'ont pas d'autre solution que de fuir les zones d'affrontements. Cet exode a contraint le gouvernement de demander officieusement aux Nations unies d'ouvrir un bureau du Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR) à Bogotá. Parallèlement, le Bureau d'aide humanitaire de l'Union européenne a accordé un budget de 5,5 millions de dollars aux réfugiés colombiens.

© Hachette Multimédia / Hachette Livre, 2002

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