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L'actualité colombienne en 2000

De nouveau, l'actualité colombienne a été marquée par les affrontements opposant l'armée, les forces paramilitaires et les multiples mouvements de guérilla. Le plan de paix proposé par le président Pastrana pour en finir avec le trafic de drogue et la violence armée — et accepté par les États-Unis — a été rejeté par l'Union européenne qui redoute que le volet militaire ne provoque une escalade dans un conflit particulièrement meurtrier.
La multiplication des offensives, de part et d'autre, a mis en évidence le risque d'une escalade dans un conflit armé qui a déjà fait plus de 120.000 morts au cours des trois dernières décennies. Pourtant, les Européens ont refusé de cautionner le plan de paix élaboré par le gouvernement colombien qui fait appel à un engagement important de la part des Quinze. Les divergences entre les Européens et Bogotá ne permettent pas d'envisager à court terme un rapprochement. Et il ne s'agit pas uniquement d'une question de financement. En effet, plus que le volet financier — Bogotá sollicitait de l'UE une aide d'un montant de 1,5 milliard de dollars —, c'est l'esprit même du plan de paix qui heurte les Européens. Ces derniers reprochent au gouvernement colombien de n'avoir conçu le plan de paix que dans le cadre d'une relation stricte et exclusive avec les États-Unis. Il est vrai que ces derniers se sont engagés à fournir 60 hélicoptères de combat, à former et à équiper des bataillons entiers de l'armée spécialisés dans la lutte antinarcotique. C'est également avec l'aide des Américains que seront détruits par fumigation des champs de cultures illicites (coca et pavot). Pour autant, l'aide des États-Unis est loin d'être désintéressée. En effet, près de 900 millions de dollars du «don» américain devraient retourner aux États-Unis, soit aux fabricants de matériels de guerre, soit au Pentagone — qui prend en charge la formation des militaires colombiens —, soit aux sociétés chargées des opérations de fumigation des plantations. De plus, les Quinze ne partagent pas la dimension militariste de ce plan, estimant que le risque est grand d'une escalade dans le conflit. D'ailleurs, Bruxelles a souligné la place bien ténue réservée aux réformes politiques, sociales et économiques. Enfin, les représentants de l'Union ont eu beau jeu de faire remarquer que le choix du partenaire retenu par le président Pastrana pour ses discussions de paix, c?est-à-dire les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), n'était rien moins que judicieux puisque le principal mouvement de guérilla du pays le rejette en bloc. L'état-major des FARC estime que l'aide massive consentie par les États-Unis constitue un acte d'hostilité manifeste. La plupart des organisations non gouvernementales (ONG) partagent les réserves des Européens dans la mesure où elles craignent que l'option militaire ne s'exerce finalement à l'encontre des seuls petits propriétaires et que, une fois de plus, on ne s'attaque pas aux causes structurelles du narcotrafic.
Mais, du point de vue de la présidence, la dimension militaire du plan de paix offre bien des avantages. Ainsi, Bogotá pourrait marquer des points significatifs contre les guérillas d'extrême gauche et les paramilitaires d'extrême droite, et, au bout du compte, négocier en position de force.
L'extrême militarisation du plan de paix proposé par le président Pastrana a soulevé des objections dans la région. C'est particulièrement le cas en Équateur, où de nombreux Colombiens se sont réfugiés ces dernières années pour échapper au climat de violence dans lequel baigne leur pays. Aussi le risque d'extension du conflit colombien y a-t-il créé une véritable psychose de guerre. Il est vrai que les Américains ont installé à Manta, au sud de Quito, une base qui est le centre de la lutte contre le narcotrafic.

© Hachette Multimédia / Hachette Livre, 2002 

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