Accueil

L'actualité colombienne en 1998

Soutenu par Gabriel Garcia Marquez, qui avait appelé à «marquer un goal olympique contre la corruption», Andrès Pastrana, candidat des conservateurs, a remporté l'élection présidentielle du 21 juin 1998 devant le libéral Horacio Serpa, à l'issue d'un scrutin marqué par une participation record. Le nouvel homme fort de la Colombie, qui dispose d'un horizon économique dégagé, a fait du retour à la paix civile son absolue priorité.
Avec la victoire d'Andrès Pastrana, le parti conservateur est revenu au pouvoir après douze ans d'absence. Passé l'euphorie de la victoire, il est vite apparu que la tâche du nouveau président serait pour le moins ardue. Ainsi, le Congrès, élu en mars, est à majorité libérale. Mais c'est sans doute la véritable crise morale que le pays traverse – vingt dirigeants politiques ont été condamnés dans le cadre du procès sur le financement de la campagne d'Ernesto Samper – qui représente l'obstacle le plus important. Car s'il est vrai que Andrès Pastrana a dû son élection à l'image déplorable du président sortant, littéralement paralysé par le scandale du narcofinancement de sa campagne, le nouveau chef de l'État est condamné à ne pas échouer sur le front de la lutte contre la corruption et la violence politique, celle-ci ayant considérablement augmenté ces dernières années. «Candidat» des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC, communiste), le président Pastrana a repris langue avec le plus important groupe de guérilla colombien afin de mettre un terme à la guerre civile. Des progrès jugés significatifs ont été enregistrés à cet égard a cours de l'été 1998.
En dépit des turbulences politiques dues à la guerre interminable à laquelle se livrent la guérilla, les groupes paramilitaires et l'armée, l'économie colombienne est restée stable et la croissance, positive (3,2 % en 1997, 4,5 % prévus pour 1998). Des chiffres qui ont de quoi séduire les investisseurs. Depuis 1992 et le début de l'ouverture économique, leurs investissements ont augmenté de façon exponentielle. Représentant tout juste 1,1 % du PIB en 1991, les investissements atteignaient 5,5 % en 1997. Si l'inflation est restée importante (17 %), elle a néanmoins poursuivi sa décrue, entamée en 1990, et, surtout, elle n'a jamais connu des taux astronomiques comme au Brésil ou en Argentine. Par ailleurs, la Colombie a la réputation de respecter à la lettre ses engagements internationaux, assurant toujours le paiement de sa dette. Par ailleurs, le pays, dont le marché boursier est très peu développé, a été épargné par la crise asiatique comme elle l'avait été par la crise mexicaine en 1995. Mais l'insécurité et le manque d'infrastructures constituent les principaux freins aux investissements étrangers et au développement de l'économie. Et l'on sait que les coûts liés à l'insécurité – la violence ravage le pays au rythme d'un homicide tous les quarts d'heure – font souvent hésiter les multinationales entre Caracas, au Venezuela, et Bogotá.
Quoi qu'il en soit, l'Europe est devenue le premier investisseur, avant les États-Unis. Ainsi Total a investi près d'un milliard d'euros en trois ans; Saint-Gobain, Renault et Rhône-Poulenc sont implantés depuis longtemps; le groupe hôtelier Accor a choisi d'installer ses bureaux à Bogotá tandis que divers projets d'implantation étaient envisagés à Medellin et à Cali, deux villes symboles des narcodollars dans la première moitié des années 90. De façon plus générale, les dirigeants et les acteurs économiques, confrontés sans arrêt aux turbulences politico-économiques, se sont habitués aux situations de crise et prennent leurs décisions indépendamment des acteurs politiques et des tensions liées aux activités de la guérilla, des groupes paramilitaires et de l'armée. D'ailleurs, pour la majorité des observateurs, l'économie colombienne, forte de son indépendance, s'est présentée en 1998 sous un jour favorable.

© Hachette Multimédia / Hachette Livre, 2002

 L'actualité en 1994  -  1995  -  1996  -  1997  -  1998  -  1999  -  2000  -  2001 

La COLOMBIE en France, Belgique, Suisse et Canada

Facebook