Forum abc-latina

Davy,

je m´étonne de tes difficultés. Je suis dans le milieu (progiciels) et mon entreprise est basée à Rio. Je peux te dire qu´il y a une grosse demande pour les développeurs: ils ne restent pas longtemps dans la même boite et les salaires sont élevés.

Je me permettrais de te donner trois conseils:

-As-tu mis sur ton CV la fourchette de salaire que tu demandes? Si tu ne l´as pas fait, les entreprises peuvent penser que tu es trop cher, car étranger.
-As-tu pensé à travailler par projet/mission, en indépendant? Il est désormais facile de se constituer en personne morale.
-Entre en contact avec le syndicat des entreprises de TI sur Rio, Assesspro http://www.assespro-rj.org.br/ Ils ont un service Central de RH qui pourra t´aider.

Si tu es sur Rio et que tu veux discuter du marché avec moi, n´hésite pas à me contacter.

Ça dépend, tu pourras voir certaines annonces de location de boutiques "sem luva" et d´autres où tu dois payer le pas de porte (luva ou ponto).
Pour avoir une idée des prix des locations comerciales, regarde www.zap.com.br

Il existe en effet certaines activités spécifiques qui sont exclues du Simples, mais l´activité de prestation de services en soi n´est bien sûr pas exclue. Quelle est exactement ton activité?

En tout cas, voici la lista des activités exclues:

http://www.receita.fazenda.gov.br/textc … e/simples/

Pour le régime du Lucro presumido, tu n´es pas imposé sur ton CA (à la différence du Simples), mais sur un bénéfice présumé en fonction de ton activité.

Il existe un autre régime fiscal, qui est celui du MEI (Microempreendedor Individual), mais il est limité à un CA annuel cumulé de R$ 48.000,00

Si j´ai bien suivi, il s´agit de savoir si on peut avoir un business sain et rentable, légalisé et tout en s´installant dans un quartier pauvre.

Pour moi, c´est évident que la réponse est oui. Il suffit d´ouvrir les yeux à Rio. Les meilleures opportunités de business sont là.

Ma femme vient d´ouvrir (il y a un mois) une pâtisserie en banlieue de Rio, aucune pub, rien, juste une jolie petite boutique, bien achalandée, dans une rue passante avec des produits de qualité et différent de ce qui se vend en zone nord et banlieue. Résultat largement au-delá de nos plus folles espérances. La queue, même les jours de semaines, les  clients qui reviennent régulièrement et certains qui claquent R$ 30 en gâteaux pour leur conso du jour, pour les anniversaires, les 15 ans et les mariages, là c´est des commandes À 300, 400, 500 reais.

Tu ouvres cette même boutique dans la zone sud, c´est beaucoup moins évident: loyer hors de prix, concurrence (tous les Français et autres étrangers ne voient que Copacabana et Ipanema), employés moins motivés car ils se tapent 3 heures de bus par jour...

Et puis de toute façon, il faut savoir qu´à Rio l´argent ne se trouve pas qu´en zone sud: il y a des gens riches à Tijuca, Meier, Caxias, Nova Iguaçu...

Samedi soir c´est bon, par contre il faut arriver tôt pour avoir une table. 18 heures je pense que ça devrait être bon.
Que ceux qui veulent venir m´écrive en privé pour qu´on s´organise.

J´ai un client ici au Brésil que je facture en reais, mais le prix de référence sur le contrat est en USD, j´utilise pour faire la conversion chaque mois le site  de la Banque centrale brésilienne:
http://www4.bcb.gov.br/pec/taxas/port/p … =txcotacao

Sinon pour facturer tes services à un client à l´étranger, c´est le régime de l´exportation de services. Il faudra bien que ta société émettent des notas fiscais pour que le fisc puisse apurer ton CA et calculer l´impôt dû. Je sais que la nouvelle loi sur le Simples va modifier le régime d´exportation pour les entreprises du Simples, mais je ne me souviens plus des détails.

Renseigne toi aussi auprès de ta banque pour recevoir les virements depuis l´étranger, ça dépend des banques mais en général c´est assez bureaucratique (remessa do exterior). Au besoin fait appel à des courtiers/banques spécialisés dans les opérations de commerce extérieur. J´utilise pour ma boite Banco Rendimento pour ces opérations.

C´est quoi ton camp exactement? Celui des gentils contre les méchants? Tu restes dans le blabla, dans l´amalgame à deux balles, dans le discours d´ado à t-shirt che guevara...

"Une certaine force pour résister", mais de quoi tu parles exactement? De touner le dos à un policier (armé attention!!) ?? Waou!

Tout ça c´est du vent, de la gonflette.

Donne nous donc des exemples concrets de ta propre expérience où tu as heroiquement résisté à la corruption.

J´ai une petite SSII à Rio, ouverte en 2004. Je travaille surtout avec des entreprises privées, mais mes clients eux travaillent beaucoup avec le public et j´ai eu moi-même à faire face directement à deux cas de demande de pots de vins (en argent).

D´après donc mon expérience et les conversations que j´ai avec mes clients, je dirais que la corruption oui est répandue dans le public et en ordre croissant: gouvernement fédéral, états fédéres et municipalités.

Ceci dit, il faut être pragmatique: il y a corruption et corruption. En gros, il y a les voleurs et les petits malins.

Moi j´ai eu à faire à des petits malins, des fonctionnaires qui font bien leur boulot, choisissent consciencieusement les meilleurs produits et services pour leur administration, mais te demandent de l´argent pour te favoriser dans le processus d´achat public (par exemple en te donnant la priorité pour que tu rédiges à sa place le marché public ou encore lors des enchères publiques électroniques dont parle Salève en te mettant en relation téléphonique directe avec le responsable de la conduite de l´enchère).

Je pense donc qu´on peut tout à fait faire des affaires au Brésil en gardant sa conscience tranquille, quitte à revoir à la baisse ses ambitions morales.

D´ailleurs d´une manière générale j´ai remarqué que sur beaucoup de sujets au Brésil les frontières sont beaucoup plus floues qu´en France, ce qui est bien pratique je trouve, car cela t´oblige à savoir exactement qui tu es.

Ces situations me rappellent toujours une anecdote lue dans le livre d´un journaliste polonais qui a vécu longtemps en Afrique ("Ebène"): lors d´un de ses premiers séjours, il raconte qu´après une heure ou deux d´attente dans le bus qui devait le mener d´une ville à une autre, il demande à son voisin pourquoi le bus ne partait pas. Celui-ci lui apprend que le bus ne partira que lorsqu´il sera raisonnablement plein.

A pays différent, logique différente: en France le bus doit partir à l´heure prévue, en Afrique le bus doit partir quand il est plein.

http://www.maismoreno.net/

Cette magnifique prose (presque de la poésie d´ailleurs) n´est pas de moi, donc je la livre brute. Mais bon, je traduis rapidement trois quartiers chers à mon coeur:

Andaraí:

Coincé entre Tijuca, Macarana, Grajau et Vila Isabel, le quartier d´Andarai a eu ses moments de gloire lorsqu´il a servi de décor à la novela Celebridade, mais, il est aujourd´hui redevenu: rien du tout. Souvent trompés par les limites du quartier, ses habitants n´admettent habiter que dans les quartiers adjacents, mais jamais à Andarai.

Tijuca:

Situé dans une vallée étouffante entourée de favelas peuplées de miséreux. Ses habitants sont des ex-révolutionnaires, des communistes ou des anarchistes. Les tijucanos sont facilement reconnaissables: ce sont des ploucs que se prennent pour des anglais.
La dernière mode est d´appeler la Place Varhangem de "Baixo Tijuca", imitation déprimante du Baixo Gávea.
Laisse ta belle-mère 10 minutes à Tijuca et une balle perdue résoudra le problème.

Vicente de Carvalho:

séparé par le métro, il y a le côté de la favela (favela sans shopping) et le côté du shopping (shopping sans favela). Un de ses citoyens illustres est feu Escadinha, traficant fameux. Tout comme le binome Tijuca-Rio Comprido, les êtres vivants de cet endroit jurent qu´ils habitent à Vila da Penha, quartier "noble" (??) des environs.

Je prends très souvent le taxi à Rio, car je ne conduis pas. Aucun problème sérieux à signaler en dix ans.

Quand je prends le taxi de chez moi, j´utilise toujours la même coopérative. S´il faut en héler un dans la rue, faire gaffe à prendre un taxi de coopérative.

Quand je dois en prendre un à partir de la gare routière de Novo Rio, les taxis jaunes qui attendent juste dehors sont fiables et travaillent aussi au forfait. Du Galeão, en revanche, je prends toujours les taxis spéciaux. D´une manière générale, je fais confiance aux taxis jaunes à Rio, mais ceux du Galeão, non.